Vaccination obligatoire pour le personnel de la santé : une décision qui risque d’aggraver la pénurie de main-d’œuvre
17 août 2021
Montréal, 17 août 2021.- À la suite de l’annonce du premier ministre du Québec François Legault de rendre la vaccination obligatoire pour le personnel de la santé, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) appelle le gouvernement à la prudence et l’invite à susciter l’adhésion du personnel afin d’éviter d’aggraver la situation de pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans les établissements de santé.
Pour le président de la CSQ, Éric Gingras, l’objectif du gouvernement de maximiser le taux de vaccination au sein du personnel de la santé et de la population en général est aussi pertinent que légitime. Toutefois, rendre la vaccination obligatoire pourrait générer plusieurs effets pervers lorsqu’on évalue l’impact des arrêtés ministériels adoptés au cours des derniers mois qui, en suspendant les droits aux vacances et aux congés des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, ont aggravé la désertion professionnelle qui sévissait déjà dans le réseau. Suivant le point de presse du premier ministre, le porte-parole de la centrale lance donc une mise en garde. « Alors que plusieurs établissements de santé sont confrontés à des pénuries de personnel depuis des années, le gouvernement souhaite-t-il vraiment inviter une bonne partie de celui-ci à aller travailler ailleurs à l’aube de la quatrième vague? La réalité, c’est que le milieu de la santé est confronté depuis longtemps à la précarité du personnel et ne peut absolument pas se permettre de perdre du monde. L’enfer est pavé de bonnes intentions et malgré la bonne volonté du premier ministre, le risque d’aggraver la pénurie de main d’œuvre vécue chaque jour dans les hôpitaux et les établissements de santé est réel. Si, en souhaitant mieux protéger la population, le gouvernement génère de l’opposition et de la méfiance au sein du personnel, les effets sur le terrain iront à l’encontre de ceux recherchés, en continuant d’augmenter la pression sur le personnel restant et en diminuant la qualité des services aux patients », explique-t-il.
Susciter l’adhésion avant l’imposition
Estimant que l’adhésion du personnel de la santé aux mesures sanitaires sera toujours plus porteuse que l’obligation à s’y soumettre, le président de la CSQ convie le gouvernement à continuer de multiplier les initiatives dans l’objectif de hausser le taux de vaccination. En parallèle, Éric Gingras demande si le gouvernement s’est penché sur les raisons faisant en sorte que certaines personnes n’ont toujours pas adhéré à la campagne de vaccination nationale? « La preuve que les messages positifs fonctionnent, c’est la réalité du terrain alors qu’on atteint jusqu’à maintenant un taux exemplaire de vaccination complète de 83% chez le personnel de la santé. Sachant cela, le gouvernement a-t-il jugé bon d’établir le profil général du personnel qui ne s’est pas encore senti interpelé par la campagne nationale de vaccination? Quelles raisons sont invoquées en majorité par celui-ci? Comment le gouvernement compte-t-il répondre si des enjeux logistiques ou liés à des situations de santé personnelle sont invoqués? Jusqu’à maintenant, la preuve est faite que les messages positifs et rassembleurs donnent des résultats et démontrent que l’on peut convaincre la population d’adhérer aux mesures sanitaires. Il faut espérer que l’annonce d’aujourd’hui n’aura pas un effet négatif auprès du personnel qui donne des services à la population », conclut le président.